Samedi détente
DOROTHÉE
MUNYANEZA
2015
Samedi détente
DOROTHÉE
MUNYANEZA
2015
« Comment raconter l’indicible ?
Comment parler du départ d’un lieu qu’on a aimé ? Des circonstances durant lesquelles on a dû quitter le nid de l’enfance, un jour, en cachette, sur les routes parsemées de corps, de sang et de silence ? Comment raconter la chaleur d’un corps sous un tas de couches d’habits, « mugondo », qu’on ne pouvait transporter dans des valises car elles auraient été trop lourdes et encombrantes lors de l’exode ? Comment raconter les journées de marche, de soif et de faim ? Comment raconter les poux, le sommeil sur une bâche au milieu de la forêt ou le réveil sous une pluie torrentielle au milieu de la nuit en pleine campagne ? Comment raconter la fuite au clair de lune dans les champs de café ? Comment raconter les rires ? Comment raconter les chansons ? Comment raconter les psaumes et les danses ? Comment raconter le miel si doux et si rare quand la viande se vendait pour quelques centimes et la chair pourrissait sous les mille collines ? Comment raconter des mois passés sans voir sa mère ? Comment raconter à ceux qui se trouvaient là-bas, loin de nous ?
On a tellement peu parlé de ce génocide. Et si mal.
Voici 19 ans qui ont passé, 19 ans que j’ai vécu loin de mon pays, 19 ans pour reprendre goût à la vie, pour grandir, réfléchir, et enfin, pouvoir écrire.
Je suis retournée à plusieurs reprises au Rwanda, j’ai pu voir les membres de ma famille qui sont encore vivants. J’ai vécu le vide laissé par ceux qui sont morts. J’ai entendu les témoignages de mes proches ou de ceux à qui l’on prête une oreille attentive. Je les ai enregistrés. J’ai vu les cicatrices laissées par des machettes, et celles de blessures qu’on ne voit pas à l’œil nu mais que l’on reconnait quand on rencontre celui ou celle qui a vécu ce que l’on a vécu soi-même.
Je veux parler au travers des yeux qui ont vu. Je veux partager la parole de ceux qui y étaient. Et je l’appellerai Samedi Détente, comme cette émission radiophonique pendant laquelle on écoutait des musiques venues d’ailleurs. On dansait, on chantait, on les apprenait par cœur sans pour autant comprendre le sens des paroles. C’était avant. »
Dorothée Munyaneza
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EN SAVOIR PLUS
→ Extrait du texte de Samedi détente
→ À écouter : entretien de Dorothée Munyaneza avec Radio Grenouille, 2017
Conception et chorégraphie
Avec
ou → Amaël Mavoungou (danse)
→ Alain Mahé (musique & improvisation)
Regard extérieur
Mathurin Bolze
Création lumière
Scénographie
Vincent Gadras
Costumes
Tifenn Morvan
Direction de production
Emmanuel Magis
assisté de Clémence Pierre et Judith Sevilla, Anahi
Production
Cie Kadidi
Coproduction
Théâtre de Nîmes - scène conventionnée pour la danse I Théâtre La Passerelle - scène nationale de Gap et des Alpes du Sud I Théâtre des Salins - scène nationale de Martigues I L’Onde - Théâtre Centre d’Art de Vélizy-Villacoublay I Pôle Sud - centre de développement chorégraphique en préfiguration Strasbourg I Théâtre Jacques Prévert - Aulnay-sous-Bois I Le Parvis - scène nationale de Tarbes I Théâtre Garonne – Toulouse I Réseau Open Latitudes 2
Avec le soutien
du Programme Culture Europe I Théâtre de Liège I Théâtre de la Ville – Paris I BIT Teatergarasjen – Bergen IThéâtre Le Monfort – Paris I Friche Belle de Mai - Marseille, I DRAC PACA - ministère de la Culture et de la Communication I SACD - musique de scène Association Beaumarchais
Avec l’aide
d’Arcadi Ile-de- France / dispositif d’accompagnements et de l’ADAMI.
Création en novembre 2014 au Théâtre de Nîmes – scène conventionnée pour la danse contemporaine.